La violence et la guerre
Trop de tête et manque de cœur
Le monde actuel est marqué par la violence. Elle se manifeste dans les nombreuses guerres qui ont
lieu tout autour du globe, guerres qui ne touchent pas seulement les soldats engagés, mais aussi la
population civile. La violence est également présente dans les conflits qui opposent des groupes
sociaux, ethniques ou religieux. Elle est aussi exercée par des gouvernements totalitaires sur leur
population, sous forme de brimades, d’emprisonnements arbitraires et de tortures. Dans les débats
politiques et sur les réseaux sociaux, la violence est verbale, mais elle est tout aussi douloureuse et
destructrice. Elle n’est d’ailleurs pas seulement exercée sur les êtres humains, mais aussi sur les
animaux.
Face à toute cette violence, on ne peut qu’être écœuré et dégoûté. Chaque acte de brutalité est
révoltant en soi, leur addition encore bien davantage. Cet état de chose est si choquant et
désespérant que, depuis longtemps, l’être humain s’interroge sur le pourquoi de toute cette violence.
Il se demande comment il se fait que l’être humain, la créature la plus évoluée sur terre, puisse être
si brutal.
D’où vient la violence ?
Pour répondre à cette question, il nous faut rappeler que l’être humain est un esprit immatériel,
incarné dans un corps physique.
L’esprit, notre moi véritable, est quelque chose de vivant. Il a donc une sensibilité et est touché par
ce qu’il voit. Il est en mesure de ressentir de la joie, de l’enthousiasme, de l’indignation, de la
compassion … Ces différents ressentis sont ce que l’on appelle les facultés de cœur.
Le cerveau, lui, n’est qu’un outil à la disposition de l’esprit. Il n’est pas vivant, mais animé par
l’esprit. En tant qu’outil, le cerveau, et par conséquent l’intellect, ne peuvent pas ressentir quelque
chose. Ils sont dépourvus de « chaleur » et agissent de manière froide et sèche.
Normalement, les facultés de cœur devraient dominer chez l’être humain, puisqu’elles sont issues
de l’esprit. En effet, dans l’ordre naturel des choses, l’esprit occupe un rang hiérarchique supérieur à
celui de l’intellect. Cependant, à cause de la domination actuelle de l’intellect, ce n’est plus le cas :
l’intellect occupe la première place. Il relègue ainsi les facultés de cœur au second rang. Or, plus
l’intellect est fort et domine, plus les facultés de cœur sont faibles et étouffées. Chez bien des gens,
elles le sont tellement qu’ils ne peuvent même plus ressentir la moindre pitié ou compassion. Ils ne
fonctionnent qu’avec l’intellect. Leur comportement est donc dur et insensible, puisqu’il n’est pas
tempéré par les facultés de cœur, c’est-à-dire par l’esprit.
C’est donc de la domination de l’intellect que vient la possibilité d’agir sans égard envers autrui, de
manière brutale et sans retenue, autrement dit … avec violence.
Le but de l’intellect n’est pas de faire du mal, d’être cruel et méchant. Le mal qu’il fait n’est que la
conséquence inévitable de son activité lorsque celle-ci n’est pas contrôlée par l’esprit. En effet, dans
ce cas, la domination de l’intellect investit tout le champ de la conscience. L’esprit est par
conséquent presque totalement absent, ce qui prive les décisions de tout fondement moral, ainsi que
de tout amour du prochain. Il en résulte des comportements qualifiés à juste titre d’inhumains : le
tortionnaire trouvera tout à fait justifié de faire souffrir le supplicié, le vendeur de drogues
d’asservir sa clientèle en la rendant dépendante de ses poisons, le proxénète d’utiliser des jeunes
fille et des enfants comme marchandise ou le mercenaire de décimer la population civile …
Lorsque l’intellect n’est pas dirigé et contrôlé par l’esprit, il ne voit que le but terrestre qu’il veut
atteindre. Toute son énergie est concentrée sur celui-ci. Seul le but compte et tout ce qui s’oppose
est considéré comme négligeable, par conséquent comme pouvant logiquement et légitimement être
écarté, peu importe par quel moyen. Une vision si étroite exclut d’emblée toute considération de
personne, de justice, de respect … Elle est froidement pragmatique et utilitaire, et ouvre toute
grande la porte à l’usage de la force et de la contrainte, ce qui est le propre de la violence.
C’est vraisemblablement de cette vue étroite qu’est issu le dicton qui dit que « la fin justifie les
moyens ». En effet, pour l’intellect, il importe peu quels moyens sont employés, pourvu qu’ils
permettent d’atteindre le but. À l’opposé de cette manière de voir, l’esprit, lui, ressent intuitivement
la nécessité d’un accord harmonieux entre les moyens et le but, pour qu’une action soit bénéfique
pour tous et pour le long terme.
L’origine de la violence telle qu’elle est décrite dans l’approche spirituelle du Message du Graal – à
savoir, la violence comme conséquence de la domination de l’intellect – n’est pas une simple vue de
l’esprit. Elle est confirmée par l’observation de la réalité et par des expériences effectuées dans le
cadre de la recherche scientifique.
Une expérience révélatrice
Pour mieux comprendre les mécanismes de la violence, le psychologue Stanley Milgram fit, en
1961, une expérience devenue célèbre. Aux volontaires qui furent recrutés par petites annonces,
cette expérience fut présentée comme une étude scientifique portant sur l’influence bénéfique de la
punition sur l’apprentissage. En réalité, son but était de mesurer jusqu’à quel point un être humain
était capable d’en faire souffrir un autre sans avoir mauvaise conscience, lorsque l’expérience était
cautionnée par une personne d’autorité, dans le cas en question par des scientifiques.
Les participants à l’exercice étaient reçus par groupe de deux. Il leur était présenté deux billets sur
lesquels figuraient les deux rôles nécessaires à l’expérience : professeur ou élève. En réalité, le mot
professeur figurait sur les deux billets parce que le premier volontaire était un collaborateur de
Milgram. Le deuxième volontaire se retrouvait donc fatalement dans le rôle du professeur. Il était
alors placé devant une console munie de boutons permettant de distribuer des chocs électriques de
15 à 450 volts. Les boutons étaient accompagnés d’une notice indiquant la force des chocs, par
exemple « choc léger », « choc violent », « très violent », « danger de mort ». Afin que le
« professeur » soit convaincu que l’appareil fonctionnait correctement, il lui était administré un
choc de 45 volts.
Le deuxième volontaire, le pseudo « élève », était placé dans une pièce voisine et attaché par une
sangle à une chaise reliée à la console. Une vitre séparait les deux chambres, ce qui fait que le
professeur pouvait voir l’effet des chocs électriques qu’il envoyait à l’élève. L’expérience consistait
pour le professeur à poser des questions à l’élève et à le punir chaque fois qu’il donnait une réponse
erronée. La punition était l’envoi d’un choc électrique dont la puissance était augmentée de 15 volts
à chaque nouvelle erreur.
Si les premiers chocs étaient encore de faible intensité, il n’en alla pas de même pour les suivants. À
75 volts, l’élève montrait son désarroi et sa souffrance par des gémissements et des plaintes. Avec
l’augmentation du voltage, les plaintes se transformaient en cris, puis en hurlements, accompagnés
des supplications de l’élève pour que l’expérience soit arrêtée.
Les cris étaient en fait diffusés par une bande-son pré-enregistrée, pour que l’intensité des cris reste
la même pour tous les professeurs qui participaient à l’expérience. L’élève ne ressentait aucune
douleur mais prétendait seulement souffrir et défaillir.
L’expérience révéla que jusqu’à deux tiers des professeurs punirent l’élève avec la dose maximale
de 450 volts. Ils le firent malgré qu’ils soient témoins de la brutalité du traitement qu’ils
appliquaient et la détresse dans laquelle se trouvaient les élèves ainsi punis.
Le scientifique qui supervisait l’expérience restait silencieux au cours de celle-ci. Il n’intervenait
que lorsque le professeur hésitait à envoyer des chocs plus puissants. Il lui disait alors d’une voix
calme et neutre : « vous devez continuer ». Cette injonction n’était pas une menace et n’avait rien
de contraignant. Le professeur aurait donc facilement pu mettre un terme à sa participation. Si
beaucoup d’entre eux ne le firent pas, c’est que la simple injonction à poursuivre, exprimée au nom
de la science, les avait convaincus à continuer. En faisant allusion à la science, l’injonction
s’adressait à leur intellect. Quelle soit suffisante pour que le professeur rejette les avertissements
provenant de sa conscience, donc de l’esprit, ne fut possible que parce que sous le règne de la
domination de l’intellect l’influence de l’intellect supplante facilement celle de l’esprit.
Bien que très forte, cette influence n’est cependant pas toute puissante, comme en témoigne le fait
qu’un tiers des professeurs écoutèrent la voix de leur conscience et ne suivirent pas les instructions.
L’expérience fut reproduite dans différents pays et donna chaque fois des résultats similaires.
Les tueurs en série
Lorsqu’on entend parler de meurtre et de violence physique, on imagine le criminel comme une personne poussée à bout par une situation particulièrement difficile et réagissant de manière irréfléchie et impulsive. Telle est habituellement l’image que nous en avons, mais elle n’est qu’une facette de la réalité. Il existe de plus en plus de cas où les actes ne sont pas du tout impulsifs, mais au contraire mûrement réfléchis, planifiés et exécutés. Souvent, le côté réfléchi et calculateur se manifeste très nettement, car le crime en question (l’assassinat ou l’acte de violence pur et gratuit) est répété périodiquement sur de nouvelles victimes et ne s’interrompt que lorsque la police réussit finalement à mettre la main sur le criminel. L’arrestation est la plupart du temps extrêmement difficile à effectuer, malgré la répétition du forfait, car de tels criminels sont d’une redoutable intelligence, comme on le découvre lors de leur arrestation et des interrogatoires. Cette intelligence hyperdéveloppée, capable de déjouer les efforts des enquêteurs pendant des mois, voire des années, est l’intelligence du cerveau. Cette intelligence brillante, mais sans cœur, illustre bien une fois de plus le fait que, sans la direction de l’esprit, l’intellect est capable des pires choses.
L’absence de cœur
La difficulté, voire l’impossibilité pour les facultés de cœur de se manifester, à cause de la
domination de l’intellect, se montre parfois de manière criante et effrayante lors de procès intentés
contre de grands criminels. Ceux-ci sont souvent sans états d’âme face aux souffrances qu’ils ont
infligées à leur victime et disent n’avoir rien ressenti en commettant leur forfait. Certain ne
comprennent même pas ce qu’on leur reproche et en quoi ils auraient fait du mal. Ils ont d’ailleurs
toutes sortes de raisons pour justifier leurs actes, des raisons purement intellectuelles qui révèlent
leur totale insensibilité et indifférence envers autrui.
Par exemple, interrogés sur le manque de cœur dont ils avaient fait preuve envers leurs victimes,
des tortionnaires ayant agit pour l’État, invoquèrent des excuses telles que : « c’était les ordres », ou
« l’intérêt supérieur du pays l’exigeait », ou encore, « d’ailleurs, si je ne l’avais pas fait, quelqu’un
d’autre l’aurait de toute façon fait à ma place ». Ces justifications montrent clairement que le
terrestre est mis bien au-dessus des hautes valeurs spirituelles, telles que l’amour du prochain et le
respect d’autrui.
* * *
De manière générale, il est considéré que la lutte contre la violence passe par l’éducation. D’après
cette approche, il faudrait favoriser la scolarisation pour tous, développer l’intelligence et
augmenter le niveau des connaissances pour que la violence cesse.
Tous ces efforts cependant ne font que fortifier encore plus l’intellect puisque, à cause de sa
domination, le système éducatif est entièrement organisé pour favoriser son développement. Or,
fortifier l’intellect ne conduit pas à développer les facultés de cœur, car celles-ci résident dans
l’esprit.
Ainsi, en mettant tellement en avant l’intellect dans l’éducation, la société développe précisément la
faculté responsable de la violence et affaiblit, en le négligeant, l’esprit qui pourrait la contrôler.
Le développement de l’intellect n’est bénéfique que dans la mesure où le développement de l’esprit
a lieu en parallèle et de manière plus intensive, afin que ce soit lui, l’esprit, qui domine. En effet,
lorsque l’esprit dirige, les facultés de cœur sont mises en avant. Non seulement l’esprit ne voudra
pas être violent, mais il ne le pourrait pas. Son attitude envers le prochain est en effet pleine de
bienveillance et de sensibilité.
Christopher Vasey
Article basé sur les connaissances de l’œuvre « Dans la Lumière de la Vérité, Message du Graal »
de Abd-ru-shin :
www.messagedugraal.or